Comment bien éduquer son
pangolin
Présentateur : Mesdames et messieurs, amis
des bêtes de tous poils, bonsoir/bonjour. Dans le cadre du cycle de conférences
sur les animaux de compagnie, nous nous intéressons aujourd’hui à une petite
bestiole qui tient une place de plus en plus importante dans le cœur des
français. Ses petits yeux noisette et ses tendres écailles vous font tous
craquer, je veux bien sûr parler du… (effets,
jeu public)… Pangolin. Comment chouchouter son pangolin ? Comment
éviter le fameux syndrome de l’obésité du pangolin d’Amérique du
nord ? Comment vivre en
harmonie absolue avec les ondes pangoliniennes? Telles sont les questions auxquelles
nous allons tenter d’apporter quelques réponses ce soir/ cet après-midi. Pour nous
parler du pangolin, il nous fallait bien entendu une sommité pangolinique.
Diplômé de la faculté d’Ankh-Morpork en science écailleuse, titulaire de la
chaire aux hautes études comportementales des Pholidotés, spécialiste mondialement
reconnu des pangolins d’Ouzbékistan Oriental, je vous demande de faire un
triomphe au Dr Schmurtz. (clap clap clap)
Dr Schmurtz, bonjour !
Dr Schmurtz : Bonjour, Alpaïde, vous pouvez m’appeler Lazarus-Inzardiniep
Présentateur : Lazarus-Ïnzdep donc, je viens
d’acquérir un pangolin, comment bien m’en occuper ?
Dr Schmurtz : Lazarus-Ïnzardiniep.
Présentateur : Lazarus-Zardep …
Dr Schmurtz : Ïnnnnnnzarrrr….
Présentateur : Ïnzarrrrrr…
Dr Schmurtz : Dinnnnnnn….
Présentateur : Zardinnnnnn?
Dr Schmurtz : iep !
Présentateur : Diniiii…
Dr Schmurtz :Diniep!
Présentateur (prenant une
grande respiration) : Lazarus-Ïnzardiniep!
Dr Schmurtz : Bravo, c’est ça !
Présentateur : Merci, merci. Dr Schmurtz,
j’ai un bébé pangolin.
Dr Schmurtz : Un pangolineau.
Présentateur : Si vous voulez. J’ai un
pangolineau, comment bien m’en occuper ?
Dr Schmurtz : S’il n’est pas sevré, il faut lui donner des
biberons de lait. Utilisez de préférence du lait d’oryctérope, que l’on trouve
aisément et à prix modique dans toute animalerie digne de ce nom. En revanche,
s’il est sevré, à partir de quatre mois en général, son régime alimentaire est
très délicat. Pour que ses écailles soient belles et luisantes, pour qu’il
s’enroule correctement, il faut impérativement le nourrir exclusivement de fourmis.
Mais pas n’importe quelles fourmis ! Les fourmis géantes d’Ethiopie sont
les seules qui conviennent parfaitement à un pangolin domestique. Pour un bon développement,
il doit en consommer 5 à 6 kilos
par jour. La fourmi géante d’Ethiopie étant plus difficile à trouver que le
concombre commun, je vous conseillerais de les élever, à raison d’une à deux
fourmilières par mètre cube.
Présentateur : Il est donc déconseillé
d’avoir un pangolin en appartement ?
Dr Schmurtz : Évidemment !
Le pangolin élevé en appartement se morfond, ternit, et sombre dans une
morosité des plus affligeantes. L’idéal est d’avoir au minimum un jardinet, et
de remplir intégralement ce jardinet de fourmilières.
Présentateur : Mais comment obtenir ces
fameuses fourmilières ?
Dr Schmurtz : Ce n’est hélas pas ma spécialité. Pour
répondre à cette épineuse question, il faudrait faire appel à un spécialiste
des fourmis géantes d’Ethiopie. (S’adresse
au public) Y a-t-il un spécialiste des fourmis géantes d’Ethiopie dans la
salle ? (Cherche du regard, joue un
peu avec le public, puis, se tourne vers les coulisses) Monsieur ! (Va en coulisse, se déguise en Spécialiste
des Fourmis Géantes d’Ethiopie (SFGE), avec une moustache et/ou perruque tout
en parlant) Allons Monsieur, ne soyez pas timide (sort des coulisses comme si on l’avait poussé).
Présentateur : Bonjour monsieur. Êtes-vous
un spécialiste des fourmis géantes d’Ethiopie ?
SFGE : (lèvres
pincées) En effet.
Présentateur : Fort bien, fort bien.
Pourriez-vous nous parler des fourmis géantes d’Ethiopie ?
SFGE : Oui.
Présentateur : Euh…
SFGE : Oui.
Présentateur : Donc euh…
SFGE : Oui.
Présentateur : Professeur, puisque là est
votre spécialité, comment élever des fourmis géantes d’Ethiopie ?
SFGE : Tout d’abord, il faut de la terre meuble, un peu
sableuse, mais attention, veillez à ce que le pourcentage de mica ne dépasse
pas celui de feldspath, évidemment.
Présentateur : Évidemment.
SFGE : Évidemment. Choisissez une
reine en bonne santé, pour cela, un test très simple, approchez votre main des
mandibules de votre princesse. Si, à la suite de cette manœuvre il vous manque
un doigt, votre princesse est trop agressive. Si vous ne ressentez qu’un léger
chatouillis, elle ne l’est pas assez. La princesse idéale vous mordra jusqu’au
sang et vous enverra éventuellement un petit jet d’acide. Pour transformer
votre princesse en reine, enfermez-la par une nuit d’orage dans un local avec
une vingtaine de fourmis mâles dopées au pot belge. Si au petit matin vous
retrouvez les cadavres des mâles, vous pouvez considérer que l’opération est un
succès. Ramassez votre reine épuisée et installez-la confortablement dans la salle
du trône de la fourmilière. Bientôt, des milliers de fourmis envahiront cette
belle structure. Pour que vos fourmis soient bien noires et gorgées d’acide
formique, il va leur falloir suivre un régime alimentaire strict.
Présentateur : Strict ?
SFGE : Strict ! À base
de blanquette de veau à l’ancienne.
Présentateur : À l’anci… Pardon ?
SFGE : En effet. Des études scientifiques très poussées
ont prouvé que ce plat seul permet de fournir aux fourmis géantes d’Ethiopie
tous les éléments nutritifs nécessaires à leur développement optimal.
Présentateur : Mais, Professeur, comment
se procurer de la blanquette de veau à l’ancienne ?
SFGE : Excellente question monsieur ! Mais je ne suis
pas spécialiste de la blanquette de veau à l’ancienne. Il nous faudrait un
spécialiste de la blanquette de veau à l’ancienne. (S’adresse au public) Y a-t-il un spécialiste de la blanquette de
veau à l’ancienne dans la salle ? (Cherche
du regard, joue un peu avec le public, puis, se tourne vers les coulisses)
Monsieur ! (Va en coulisse, se
déguise en Spécialiste de la blanquette de veau à l’ancienne (SBVA) tout en parlant) Voyons Monsieur,
ne soyez pas timide, tout va très bien se passer (sort des coulisses comme si on l’avait poussé).
Présentateur : Bonjour monsieur, êtes-vous
un spécialiste de la blanquette de veau à l’ancienne ?
SBVA : Oui monsieur, Maître Jean-Asmorardicular Granion,
spécialiste de la blanquette de veau sous toutes ses formes, mutantes,
radioactives, et bien entendu à l’ancienne, que puis-je pour vous ?
Présentateur : Pourriez-vous nous
expliquer, cher Maître, comment obtenir une belle blanquette de veau à
l’ancienne ?
SBVA : Absolument monsieur. Pour obtenir une belle
blanquette de veau à l’ancienne, il faut la servir correctement.
Présentateur : La servir ?
SBVA : Tout à fait. Un milieu aéré et une hygrométrie
moyenne de 20% sont évidemment absolument nécessaires. Si ces détails sont
négligés, la crème jaunira et les oignons verdiront. Cependant, ce n’est pas
suffisant.
Présentateur : Ah non ?
SBVA : Non ! Pour que la blanquette de veau à
l’ancienne soit parfaite, il faut la chouchouter, lui amener un peu de vin
blanc quand elle a soif, lui proposer des musiques douces, du Mozart ou du
Chopin, de préférence, puisqu’elle est à l’ancienne. Pour plus d’agrément, vous
pouvez lui proposer quelques carottes et du laurier pour l’arôme.
Présentateur : Ah vraiment ?
SBVA : Oui ! Mais pour que votre blanquette à
l’ancienne soit vraiment extraordinaire, l’essentiel est de lui procurer une
compagnie agréable. Ainsi, un petit animal lui apportera tout le bien-être
nécessaire à son épanouissement.
Présentateur : Avez-vous un conseil dans
le choix de cet animal ?
SBVA : Il faut un animal petit et discret. Un pékinois,
une vigogne ou un commentateur de match de football sont par exemple à exclure catégoriquement.
Après beaucoup d’expériences personnelles, je peux vous affirmer que le
pangolin est un choix optimal.
Présentateur : Le pangolin !
SBVA : Exactement, la vue de ses douces écailles remplit
la blanquette de veau à l’ancienne de joie et d’allégresse. Pour en savoir plus
sur le pangolin, il vous faudrait vous adresser à un spécialiste du pangolin. (S’adresse au public) Y a-t-il un
spécialiste du pangolin dans la salle ? (Cherche du regard, joue un peu avec le public, puis, se tourne vers
les coulisses) Monsieur ! (Va
vers la coulisse, revient en Dr Schmurtz sort des coulisses tranquillement).
Présentateur : Docteur Schmurtz !
Dr Schmurtz : Je vous en prie, Lazarus-Ïnzardiniep!
Présentateur : Je suis sûre que vous
auriez encore bien des choses à nous dire au sujet des pangolins mais hélas, le
temps nous presse. Avez-vous un dernier conseil à fournir aux amoureux de ces
chères petites bêtes ?
Dr Schmurtz : Un seul : si vous élevez un pangolin et des
enfants dans la même maison, faites bien attention à ce que les bambins ne
confondent pas le pangolin avec un ballon de basket. La confusion est aisée
mais le pangolin rebondit beaucoup moins bien !
Présentateur : Merci beaucoup pour vos
précieux conseils en matière d’élevage de pangolin, je suis sûr que cela aidera
beaucoup de nombreuses personnes désireuses d’élever dans les meilleures
conditions possibles leur gentil compagnon.
Dr Schmurtz : Avec plaisir monsieur. Je rappelle au
passage que le troisième grand concours d’enroulage de pangolins se déroulera
du 5 au 8 juillet dans la charmante commune de Villaines. Il sera retransmis en
direct sur internet sur le site www.ilovemypangolin.org, je compte sur vous!
Présentateur : Merci encore Docteur Schmurtz.
La semaine prochaine, nous étudierons l’élevage de la limule commune, nous
aurons avec nous le Docteur MacFloppung, qui nous parlera de ces beaux animaux
de plus en plus en vogue dans nos salles de bain ! Merci à tous, et à la semaine
prochaine !
Noir.